The Tiger's Mouth Blog: Notes sur l’anatomie et la physiologie : Anatomie du système fascial
Article #3
Article original en anglais publié le 21 mars 2010
Traduction française, révisée et approuvée le 23 janvier 2011
Des travaux récents 1, 2 sur les tissus conjonctifs nous aident à mieux comprendre comment toutes les parties de notre corps apparemment hétéroclites s’articulent en un tout cohérent. En effet, ce sont les tissus conjonctifs qui nous maintiennent littéralement ensemble, en formant une toile qui relie, soutient, connecte et sépare toutes les parties et structures du corps, de la tête aux pieds, des plus superficielles aux plus profondes à l’intérieur du corps.
Nous examinerons ensuite le rôle que joue chaque cellule dans cette toile et comment la structure interne de la cellule (le cytosquelette) interagit avec cette grande toile et subit en retour sa puissante influence. Voyons d’abord le fascia (l’aponévrose), qui est un type spécial de tissus conjonctifs. En apprenant à reconnaître les effets des arts internes Tai Chi TaoïsteMC sur le fascia, nous commencerons à comprendre comment la pratique régulière influence chacune des parties du corps.
Les fascias (ou système fascial), en forme de feuillets, sont répartis en quatre couches distinctes, les couches du fascia. Intimement reliées les unes aux autres, celles-ci sont disposées à la manière des poupées russes, chaque tube étant placé à l’intérieur d’un autre, ce qui donne un jeu de tubes emboîtés. Chaque tube est continu et attaché aux structures qui se trouvent à l’intérieur de l’espace qu’il crée, et il est relié aux autres couches.
La représentation des couches du fascia de la figure 1 n’est pas tout à fait exacte, mais elle nous donne une idée de leur nature tubulaire. On peut voir comment chacune d’elles comporte un espace à l’intérieur de son enveloppe et comment elles sont disposées dans le sens de la longueur, l’une à l’intérieur de l’autre.
Le fascia superficiel est la couche la plus à l’extérieur. Il recouvre toute la surface du corps, notamment la tête. Constitué de tissus plutôt espacés et riches en tissus adipeux, il réchauffe et isole le corps. Grâce à son élasticité, il se déforme en fonction de nos mouvements. C’est le point d’arrivée des nerfs et des vaisseaux qui relient les régions profondes de l’intérieur du corps à tous les points en surface, assurant ainsi la sensibilité de la peau et son alimentation. Les tissus mammaires sont contenus dans cette couche. Les deux photos ci-dessous illustrent la grande cohérence des tissus du fascia superficiel.
La couche suivante est le fascia profond. C’est une membrane mince et robuste qui recouvre les muscles du corps et pénètre à travers ceux-ci pour s’attacher aux os sous-jacents. L’examen de cette pénétration nous montre que les feuillets fasciaux se prolongent sur chacun des trois plans et nous rappelle qu’il n’y a pas de structures indépendantes dans le corps. Dans la figure 1, le tube jaune représente le fascia profond.
Ce fascia profond s’étend du torse jusqu’aux membres et s’insère dans la base du crâne. Il relie la ligne centrale du corps en avant aux apophyses transverses et épineuses de la colonne dans le dos. Également appelée fascia axial, cette couche crée deux compartiments centrés autour de la colonne vertébrale, l’un en avant qui contient les muscles de l’abdomen et de la partie avant du cou, et l’autre en arrière, qui supporte les muscles paradorsaux.
D’un point de vue embryologique, certains grands muscles importants comme le grand et le petit pectoral, le trapèze et le grand dorsal vont des membres supérieurs jusqu’au torse, recouvrant certaines parties du fascia profond et s’insérant dans les os au niveau de la ligne centrale.
Le fascia lombosacré fera l’objet d’un article ultérieur. Malgré son nom différent, il s’agit en fait d’une partie du fascia profond, qui se fusionne au sacrum.
Enfin, les fascias viscéral et crânien, représentés par les tubes vert et bleu dans la figure 1 ci‑dessus, forment les compartiments qui abritent les organes du corps. À l’avant, le fascia viscéral crée la cavité ventrale qui contient les organes internes du thorax, de l’abdomen et du bassin, alors que le fascia crânien forme la cavité dorsale du côté du dos et abrite le cerveau et la moelle épinière. Comme nous le verrons, ces organes ne sont pas limités, ni dans leur étendue, ni dans leurs fonctions, aux cavités qui en abritent la plupart d’entre eux.
La figure 4 ci-dessous présente un aperçu simplifié de la tête et du torse; la cavité dorsale, le cerveau et la moelle épinière sont en vert, la cavité ventrale, qui va de la bouche à l’anus, est en rose, et le fascia profond, qui enveloppe les deux autres, en bleu. Ainsi, le fascia profond, drapé autour du cou et du torse, enveloppe les fascias viscéral et crânien et abrite les muscles du corps.
Donc, le système fascial est une enveloppe globale, même si les manuels d’anatomie tardent à le représenter sous cette forme. Toutes ses couches (ou tubes) changent avec le vieillissement, les traumas et les maladies, ainsi qu’en fonction de l’humeur, des activités et d’autres facteurs comme l’imitation. Pour rester saines, ces couches doivent continuer à bouger dans toutes les directions et à maintenir les interactions qui doivent exister entre elles. À mesure que nous avançons dans notre étude, nous verrons que les mouvements uniques d’étirement, de séparation et d’allongement des différentes couches du corps enseignés selon notre approche du tai chi taoïste nous permettent de différencier ce qui est intégré et ce qui est connecté et préservent la souplesse et la robustesse de ces structures.
1 The Integral Anatomy Series, volumes 1 à 4, Gil Hedley. Cet ouvrage présente des aperçus éclairants du système fascial du corps. Site Web : www.gilhedly.com
2 Fascial Continuity: Four Fascial Layers of the Body, F. H. Willard, Ph.D., Department of Anatomy, University of New England, College of Osteopathic Medicine. Allocution au First International Fascia Research Congress 2007, disque 3, 5 october 2007.
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