The Tiger's Mouth Blog: Notes sur l’anatomie et la physiologie : Le système nerveux est fait pour bouger
Article #5
Article original en anglais publié le 4 avril 2010
Traduction française, révisée et approuvée le 23 janvier 2011
Dans le prochain article, Le système nerveux mobile, nous examinerons l’ampleur de l’activité physique des structures qui se trouvent à l’intérieur de la cavité dorsale. Voyons d’abord quelques-unes des caractéristiques fondamentales des nerfs, de leurs vaisseaux sanguins et de leurs tissus conjonctifs, qui rendent possible tout mouvement :
- L’élastine, un type de tissus conjonctifs, est le tissu le plus élastique du corps. Elle constitue jusqu’à 7 % de la face antérieure de la dure-mère de la moelle épinière, le tube fascial qui entoure la moelle épinière, contre au moins 14 % de la face postérieure de la dure-mère. Cette différence provient du fait qu’au cours des activités de la vie quotidienne, nous nous penchons surtout vers l’avant. Au cours d’une flexion avant, la partie postérieure de la dure-mère reçoit une charge plus forte que sa partie antérieure et elle a besoin de plus d’élastine pour répondre à ces forces, d’abord en absorbant l’étirement, puis en revenant à sa position initiale.
- Le filum terminale, une mince bande élastique qui relie le bas du cul-de-sac dural rachidien au coccyx, contribue vraisemblablement à protéger la moelle contre les étirements excessifs.
- Les nerfs qui constituent la moelle épinière quittent la zone protégée de la colonne osseuse par les foramens intervertébraux, des petites ouvertures situées entre les vertèbres, pour former les racines nerveuses dorsales et ventrales (voir la figure 1). Ces racines nerveuses se transforment plus loin en nerfs périphériques (les nerfs rachidiens), qui transmettent les informations sensorielles du corps et relaient vers les différents organes les impulsions qui activent les muscles et les glandes du corps (voir la figure 2). Les racines nerveuses et les nerfs périphériques sont exposés à des forces d’adhérence, de pincement et de compression beaucoup plus fortes que les tissus nerveux protégés par les masses osseuses du crâne et de la colonne vertébrale. Pour résister à ces stress, ces tissus nerveux fragiles sont pourvus d’une garniture de soutien faite de tissus conjonctifs, et l’accroissement du collagène (la principale fibre de la peau) renforce ces racines nerveuses et nerfs périphériques. Ainsi, les racines nerveuses qui sortent de la moelle ont six fois plus de collagène que la moelle épinière, et les nerfs périphériques, cinq fois plus que les racines nerveuses. Il faut noter que la gaine de tissus conjonctifs représente une bonne moitié du diamètre d’un nerf périphérique (voir la figure 3). C’est également ce qu’on observe, bien entendu, pour le nerf médian dont on a déjà parlé. Donc, la prochaine fois que vous allongerez la main en effleurant le genou ou en séparant la crinière du cheval sauvage, souvenez-vous que le nerf médian et ses gaines de tissus conjonctifs s’allongent de 20 %, avant de retrouver leur longueur initiale quand on passe au mouvement suivant. L’enchaînement est un cycle ininterrompu d’expansions et de contractions.
- Les tissus conjonctifs autour des tissus nerveux sont pourvus de capteurs sensoriels qui avertissent le système nerveux de blessures possibles dues à des tensions excessives.
- Le cerveau et la moelle épinière représentent 2 % du poids corporel, mais ils consomment 20 % de l’oxygène disponible. La circulation du sang doit être maintenue même lorsque les tissus nerveux s’allongent. La forme tortueuse des vaisseaux sanguins, qui leur permet de se dérouler ou de se déployer quand les nerfs s’allongent, y contribue en partie.
On voit donc que le système nerveux, qui est toujours en train de tourner, de s’allonger ou de se contracter, est fait pour bouger. Ces mouvements permanents touchent les nerfs eux-mêmes, leur alimentation sanguine et la chemise de LCR dans laquelle flottent le cerveau et la moelle épinière.
Pour assurer leur mobilité pendant toute la vie, ces tissus, et notamment leur échafaudage de tissus conjonctifs, doivent rester souples, humides et flexibles. Dans un autre article, nous examinerons l’impact de la pratique régulière des arts internes de santé Tai Chi TaoïsteMC sur le collagène, ainsi que sur la rigidité si souvent associée au vieillissement et aux maladies.
Quant au LCR, je crois que notre pratique quotidienne améliore sa circulation de plusieurs façons. Les mécanismes vraisemblables sont notamment :
- la relaxation rythmique du poids, qui occupe une place centrale dans notre pratique, en allongeant et en raccourcissant successivement la colonne vertébrale et la moelle épinière contenue dans celle-ci;
- les mouvements du quatrième ventricule et du tronc cérébral, qui seront décrits dans le prochain article, Le système nerveux mobile;
- les changements de pression du LCR associés à la respiration (l’exhalation l’abaisse et l’inhalation l’augmente);
- Le gonflement de la dure-mère de la moelle épinière, produit par la traction des racines nerveuses quand nous allongeons les bras et les jambes.
Atlas of Human Anatomy, 4e édition, Frank H. Netter, Saunders Elsevier, 2006, ISBN-13: 978-1-4160-3385-1
The Sensitive Nervous System, David Butler, première édition, 2000, ISBN 0 646 40251 X
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