The Tiger's Mouth Blog: Notes sur l’anatomie et la physiologie : L’ensemble coude/avant-bras
Article # 23
Article original en anglais publié le 15 octobre 2010
Traduction française, révisée et approuvée le 2 septembre 2011
Dans la pratique de notre art, nous apprenons à reconnaître, entre autres choses, le rythme régulier du corps qui se tourne alternativement vers le haut et vers le bas. Chose étonnante, nous découvrons aussi comment une orientation attentive des mains et des coudes peut nous aider à acquérir ce rythme.
Cet article, qui porte sur l’ensemble coude/avant-bras, son anatomie et ses fonctions, nous aide à comprendre comment les mains et les coudes peuvent faciliter la cadence de l’ensemble du corps pendant les mouvements.
Cet ensemble comporte trois os : l’humérus dans le haut du bras, et le radius et le cubitus dans l’avant-bras. Quatre articulations assurent ses mouvements : les articulations huméro-ulnaire (humérus-cubitus) et huméroradiale au niveau du coude, et les articulations radio-ulnaires (radius-cubitus) proximale et distale.
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Or, l’ensemble coude/avant-bras a deux fonctions distinctes, que nous utilisons constamment :
- la flexion et l’extension au niveau du coude, qui modifient la longueur fonctionnelle du bras et la distance entre la main et le corps, grâce aux articulations huméro-ulnaire et huméroradiale.
- la supination et pronation de l’avant-bras. En faisant jouer les articulations proximale et distale entre le radius et cubitus, nous pouvons tourner la paume de la main vers le haut (supination) ou vers le bas (pronation) sans bouger l’articulation de l’épaule.
Flexion et extension
Le coude est avant tout une articulation à charnière qui assure la flexion et l’extension. Examinons d’abord cette fonction.
Le cubitus, un des os de l’avant-bras, est l’un des principaux éléments structuraux de l’articulation du coude. Sur le prolongement de la face arrière de son extrémité supérieure se trouve une grande pointe arrondie, l’olécrâne ou pointe du coude. L’observation de cette pointe pendant l’enchaînement nous renseigne sur notre utilisation du cubitus et elle nous permet de modifier la coordination entre des parties de notre corps très éloignées les unes des autres. Nous y reviendrons plus loin.
La face avant de l’extrémité supérieure du cubitus, en forme de mâchoire, est liée à l’extrémité inférieure de l’humérus et forme l’articulation huméro-ulnaire. Cette articulation, qui rend possibles la flexion et l’extension (redressement) du coude, lui donne également une grande stabilité.
Supination et pronation
Donc, nous avons vu que l’emboîtement du cubitus sur l’humérus donne sa force au coude et rend possibles la flexion et l’extension (redressement) de l’avant-bras au niveau du coude.
Toutefois, les mouvements habituels de l’ensemble coude/avant-bras sont souvent beaucoup plus complexes que de simples flexions et extensions. En effet, au cours des toryus, par exemple, on fléchit les coudes en reculant et on les redresse en avançant, mais il faut aussi noter la rotation des avant-bras sans pivotement des pointes des coudes vers le corps ou vers l’extérieur. Dans le cas des donyus, en plus des flexions et des extensions au niveau des coudes, on note des rotations des paumes vers le haut et vers le bas sans que les coudes ne bougent.
Cette autre fonction de l’ensemble coude/avant-bras, appelée supination-pronation, est une rotation de l’avant-bras alors que la pointe du coude est immobile, sans mouvement des articulations de l’épaule. En voici quelques exemples tirés du tai chi : la rotation des poignets du premier exercice de fondation, l’« offrande du thé » quand on allonge la main dans Séparer la crinière des chevaux sauvages, toutes les façons de « saisir le ballon » dans l’enchaînement, et Mouvoir les mains comme des nuages.
Étant donné qu’il s’emboîte avec l’humérus, le cubitus ne peut remplir cette double fonction (supination-pronation). Toute rotation de sa part modifie l’orientation de la pointe du coude, ramène le haut du bras vers le corps ou l’en éloigne et modifie la géométrie de l’épaule. Pour résoudre ce problème, le bras fait appel au radius de l’avant-bras. Voyons comment ce dispositif assure la rotation.
Comme on l’a vu sur la figure 3 ci-dessus, l’extrémité supérieure (ou la tête) du radius, petite et ronde, ne renforce pas tellement la structure du coude. Toutefois, la forme de cet os convient tout à fait pour sa rotation autour du capitulum huméral (l’articulation huméroradiale) et de la partie supérieure du cubitus (l’articulation radio-ulnaire proximale).
Par ailleurs, l’extrémité distale du radius s’élargit tant de l’avant à l’arrière que dans le sens de la largeur, ce qui rend possible un lien très robuste avec les os du carpe (premier rang d’os du poignet). De plus, cette extrémité tourne autour de la petite extrémité inférieure du cubitus, au niveau de l’articulation radio-ulnaire distale. Notez comment l’extrémité inférieure du cubitus, séparée des os du poignet par un treillis de tissus mous et de cartilages, n’entre jamais en contact direct avec ces os.
En résumé, nous avons les éléments suivants :
- un cubitus à extrémité supérieure élargie et robuste, fixé à l’humérus, qui assure la flexion et le redressement du coude;
- un radius robuste à extrémité inférieure agrandie, fixée aux os du poignet;
- des articulations entre chacune des extrémités du radius et du cubitus, les articulations radio-ulnaires proximale et distale, qui permettent la rotation de la paume vers le haut ou vers le bas.
Forts de ces connaissances, nous voyons que le radius et le poignet forment le segment distal de l’ensemble coude/avant-bras. Celui-ci tourne autour du segment proximal fixe formé de l’humérus et du cubitus. Quand la paume est tournée vers le haut, le radius et le cubitus sont à plat, en parallèle. Quand elle est tournée vers le bas, le radius, le poignet et la main passent par-dessus le cubitus en formant un X. Cette rotation se fait sans mouvement du coude, car rien n’oblige l’humérus et le cubitus à tourner.
Peu à peu, la pratique des arts internes de santé Tai chi taoïsteMC nous apprend à inviter chaque partie de notre corps à jouer le rôle qui lui est propre dans ce qui est toujours un mouvement de l’ensemble du corps. La rotation des avant-bras avec les coudes pointés vers le bas entraîne les tissus des membres supérieurs sans bouger les épaules. C’est ce même mouvement qui nous permet de tourner le torse de façon plus équilibrée.
Nous pouvons ressentir ces mouvements pendant la pratique du tai chi. L’étude des liens entre les membres supérieurs et le corps nous permet de mieux comprendre pourquoi le corps fonctionne de cette façon. Nous y reviendrons dans le prochain article.
1. Kinesiology of the Musculoskeletal System, 2e édition, 2010, Donald A. Neumann, Mosby Elsevier, ISBN 978-0-323-03989-5
2. The Physiology of the Joints, Volume 1, 6e édition, 2007, A. I. Kapandji, Churchill Livingstone Elsevier, ISBN-13 : 9780443103506
3. Trail Guide to the Body, 3e édition, 2005, Andrew Biel, Books of Discovery, ISBN 0-9658534-5-4
4. Atlas of Human Anatomy, 4e édition, 2006, Frank H. Netter, Saunders Elsevier, ISBN-13 : 978-1-4160-3385-1
© Société de tai chi taoïste du Canada, 2010