Blogue de la Bouche du tigre: Notes sur l’anatomie et la physiologie : La colonne vertébrale
Article # 9
Article original en anglais publié le 5 mai 2010
Traduction française, révisée et approuvée le 15 avril 2011
Nous devons examiner la forme et la construction de la colonne pour tenter de répondre à deux questions soulevées dans le dernier article : qu’est-ce qui s’allonge quand on relâche son poids, et comment la séparation des tissus qui en résulte améliore-t-elle la santé?
Pour cette raison, les quelques articles suivants porteront sur les divers éléments de la colonne : la colonne vertébrale dans son ensemble, les vertèbres et les disques intervertébraux, les facettes vertébrales, les ligaments rachidiens et le fascia lombosacré. Prenez le temps qu’il faut pour les comprendre et revenez-y de temps en temps. L’étude de l’anatomie procure des perspectives inédites sur le mouvement, ainsi qu’une meilleure compréhension des diverses conséquences des maladies.
Nous commencerons aujourd’hui par la colonne vertébrale. Située au milieu du corps, elle constitue le pilier central articulé autour duquel se moule et s’articule le reste du corps. Un poème de Robert Frost, La tente de soie, nous propose une métaphore inspirante qui illustre la place centrale occupée par la colonne et les liens vitaux entre celle-ci et toutes les parties du corps :
C’est une tente de soie au milieu des champs,
Le midi, après que la brise d’un été ensoleillé
Ait bu la rosée, quand toutes ses attaches mollissent,
Et qui se balance doucement, entre ses cordes.
En son milieu, un grand mat de cèdre,
Tel un pinacle dressé vers le ciel
Et figure de l’assurance de l’âme,
Ne semble ne rien devoir à une corde ou l’autre;
Sans être vraiment soutenu par aucune, il est lié sans effort
Par d’innombrables liens de soie, ceux de l’amour et de la pensée,
À tout ce qu’offre la Terre à la ronde,
Et si d’aventure, au gré des caprices de l’air d’été,
Une corde le tire gentiment,
Il ressent l’effet du lien léger.¹
Faite de 24 petits os mobiles, les vertèbres indépendantes, et des neuf vertèbres sacrées et coccygiennes fusionnées, la colonne semble droite vue de l’avant ou du dos, mais, vue de profil, elle présente quatre courbes se répondant l’une à l’autre :
- La courbe cervicale, formée des sept vertèbres cervicales. Concave vers l’avant, elle soutien la tête.
- La courbe thoracique, constituée des douze vertèbres thoraciques. Cette courbe convexe vers l’arrière crée un espace pour le coeur, les poumons et les grands vaisseaux situés à l’intérieur de la poitrine.
- La courbe lombaire, située au centre de la cavité abdominale. Constituée des cinq vertèbres lombaires, elle est concave vers l’arrière.
- La courbe sacrée, formée par les cinq vertèbres sacrées et les quatre vertèbres coccygiennes fusionnées. Convexe vers l’extérieur, elle crée un espace pour les organes du bassin.
Alors que la courbe sacrée est fixe, les trois autres sont dynamiques et changent de forme à mesure qu’on change de position et qu’on bouge. Leur souplesse aide la colonne à résister à la compression qui s’exerce le long de son axe vertical en permettant aux tissus mous situés le long du côté convexe de chaque courbe de s’étirer et d’absorber une partie de cette force.
Quand vous observerez d’autres personnes faire les exercices cette semaine, notez comment le donyu et le toryu utilisent ces courbes.
Un certain nombre de facteurs expliquent la géométrie de ces courbes normales : la forme des corps vertébraux et des disques, la traction des ligaments et des muscles, et l’orientation des facettes vertébrales. La maladie, les traumas et le vieillissement peuvent déformer ces courbes. Si elles sont suffisamment altérées, on risque de tendre indûment les tissus mous, les os et les joints de la colonne, menaçant ainsi la fonction des racines nerveuses qui sortent de la colonne et encombre l’espace disponible pour les organes.
Nous avons déjà vu dans les articles précédents qu’avec le crâne et les côtes, la colonne forme le squelette axial, cette partie du corps qui entoure et crée des espaces connus sous les noms de cavité dorsale et de cavité ventrale.
Nous avons déjà vu que la cavité dorsale abrite les tissus nerveux sensibles du cerveau et de la moelle épinière, essentiels à la vie. Pour sa part, la cavité ventrale crée l’espace nécessaire pour les autres systèmes d’organes du corps, également essentiels à la vie.
Ainsi, la colonne vertébrale est l’axe central autour duquel le corps se moule et s’articule. Faite d’un grand nombre de pièces mobiles et capable de changer de forme, elle est reliée à toutes les parties du corps.
Dans le prochain article, nous examinerons les vertèbres et leurs disques, des éléments constitutifs de la colonne.
¹ A Silken Tent , tiré de The Poetry of Robert Frost, Edward Connery Lathem, éditor, 1942
² Kinesiology of the Musculoskeletal System, Foundations for Rehabilitation, Donald A. Neumann, 2e édition, 2010, Mosby Elsevier, ISBN 978-0-323-03989-5
³ Atlas of Human Anatomy, Frank H. Netter, 4e édition, 2006, Saunders Elsevier, ISBN-13:978-1-4160-3385-1
© 2010 Société de tai chi taoïste du Canada